Pochette de la cassette démo Communion

Communion
2ème démo cassette
1996

1. Communion

(repris sur l'album Charnelle Transcendance)

Que défaillent tous ceux
Qui ne pourront point ouïr
Ces paroles de sagesse
De l'Eros Necropsique.
Qu'ils périssent par le feu
Ceux qui refusent de jouir
Et répandent dans leurs messes
Leurs sermons oniriques.

Qu'ils viennent avec leurs croix
Et toute leur fantaisie
Combattre la chaleur
Qui gonfle nos poitrines.
Le blasphème est un choix,
Nous prônons l'hérésie
Et clamons le bonheur
Du sacrilège intime.

Nous nous faisons porteurs
De la nouvelle parole.
Avancez mes amis
Dans ce temple hédoniste.
Ici aucun saigneur
Ne quémande son obole,
Ni ne condamne le fruit
Des pratiques onanistes.

Les dévots et leurs prêtres
Se mettent à genoux
Et s'en vont dévorer
De leur dieu son enfant.
Ici sans aucun maître
Nous nous donnons à vous
Et vous disons : « Goûtez,
Ceci est notre sang ! »

À Marie je préfère
La jolie Messaline.
Je bois à son calice
Le flot de la passion.
Je dévore sa chair,
Ruisselante de cyprine,
Savourant les délices
De la menstruation.

Assassinons ce soir
Le grand inquisiteur
Qui au nom de l'amour
Tua les marginaux.
Ne perdons pas espoir,
L'homme en blanc aura peur.
Que subisse le vautour
La colère des corbeaux !

Si nous sortons vaincus
Nous irons nous terrer
Et dormirons cent ans
Couchés dans nos cercueils ;
Attendant la venue
De nouveaux messagers
Qui offriront leur sang
Drapés de vieux linceuls.

2. Le Funambule

La noirceur étouffante de l'univers glacé
Dans lequel j'évolue depuis ma conception
Tantôt me semble belle dans son manteau feutré
Tantôt me pétrifie d'une terreur sans fond.

Cela fait aujourd'hui un peu plus de vingt ans
Que je marche en silence sur une corde de chair
Tendue à se briser entre les deux néants,
Colosses qui encadrent cette vie au goût amer.

L'état de prénaissance et la mort sont deux pôles
Qui demeurent inconnus de chaque être vivant
Qui un jour maudit a jailli du ventre-geôle,
Noyé dans une rivière de glaires et de sang.

Il faudra bien qu'un jour je sombre dans l'abîme,
Dans l'inconnu, le vide, le rien, le grand néant.
La corde sous mes pieds, effilée par le temps
Se brisera sous l'effet d'une pression infime.

Sera-ce un accident ? Ou bien ma volonté
Me fera-t-elle agir contre tous les instincts
D'autoconservation qui sont enracinés
Aux tréfonds de mon âme et de ma chair d'humain ?

Pour sauter à pieds joints de mon perchoir sanglant,
Il faudra que se brise en mon âme et mon cœur
La corde sur laquelle mon esprit face aux vents
De la folie sautille dans les rires et les pleurs.

Ce monde autour de moi est-il vraiment réel
Ou bien est-il le fruit de l'imagination
Qui projette ma conscience dans l'univers virtuel
Où corps et âme fusionnent en une lave de poison ?

De grandes réflexions me cinglent avec violence
Et rongent en mon cerveau le fil du condamné,
Le chemin de la vie, le chemin de souffrance
Où il est douloureux de se mettre à penser.

Mes nerfs sont caressés par un archet brûlant
Et du grand violoncelle qu'est devenu mon corps
Mon être torturé s'échappe et s'évapore
Dans les ténèbres en une myriade de sons grinçants.

3. Le Commencement d'une Fin

(repris sur l'album Crises de lucidité)

Je fais glisser en toi
Mon organe de vie,
Mon organe de mort,
Mon organe d'envies.

Après quelques efforts,
Après trois mille cris,
L'amour devient la mort,
L'amour devient la vie.

Je me contracte et jouis,
Et déverse en ton corps
Tout un torrent de vie,
Tout un torrent de mort.

Ainsi, te voilà mère,
Radieuse et enviée.
Et moi, devenu père,
Me voici meurtrier.

Hélas, ma belle amie,
Toi aussi meurtrière,
Sous un leurre de vie,
Naïve, tu as offert

La mort

4. Délirium de l'Être Seul

(repris sur l'album Charnelle Transcendance)

Le bruit sourd de mes pas
Hante la pièce vide.
Je marche lentement
Dans la demi-pénombre.
Je suis seul ici-bas,
Enfermé, cloisonné ;
N'ayant personne à qui
Confier mes états d'être.
La solitude aiguë
Me rend à demi fou,
M'exile dans un monde
Où règne le chaos.
Je pénètre en mon âme
Quand la névrose affleure
Et arrose la fleur
De la noire harmonie
Qui siège en mon cerveau,
Qui règne dans mon crâne,
Qui tire sa beauté
Du néant de mon être.
Me voici suspendu
Au-dessus de l'abîme,
Accroché à la rose,
Les mains ensanglantées.
Un pétale se fane
Bientôt suivi d'un autre

Et la rose se meurt,
Je suis précipité
Dans le gouffre sans fond
À la noirceur d'ébène
Dont les parois de chair
Palpitent autour de moi.
Je tombe et tombe encore,
Goulûment aspiré,
Caressé et léché,
Par ce boyau vivant.
Soudain je suis stoppé ;
Le boyau se resserre,
Doucement me comprime,
Me broie et me disloque.
Le sphincter se relâche
Et me pousse au dehors,
M'expulse, me défèque
Dans la réalité.
Un hurlement d'horreur
Jaillit de mes entrailles.
Je contracte mon corps,
Écarquille les yeux.
Je suis à nouveau seul,
Dans la pièce exiguë,
Toujours un peu plus seul,
Toujours un peu plus fou.

Logo Éros Nécropsique

Obséquieusement expulsé par Ragnar